Mes meilleures amies – Paul Feig (2011)

Ne vous laissez pas tromper par une affiche teintée de rose évoquant Bridget Jones ou un titre français aux relents de Julia Roberts : Mes meilleures amies est tout ce qu’il y a de plus fréquentable . Produit par le roi de la comédie US Judd Apatow, réalisé par le créateur de la cultissime série Freaks and Geeks (également produite par Apatow) Paul Feig, il est également écrit et interprété par la vedette du Saturday Night Live Kristen Wiig. Mais tout comme chez les Bleus, il ne suffit pas d’aligner des noms prestigieux pour faire un bon film. Qu’en est-il donc ici ?

Le pitch en lui-même n’est pas très engageant : une fille un peu looser est désignée demoiselle d’honneur pour le mariage de sa meilleure amie. Elle doit alors cohabiter avec une flopée d’autres « amies »  pour organiser le mariage dans ses moindres détails. Ce scénario n’est en réalité qu’accessoire, et un prétexte pour un festival continu de gags : dialogues mordants et savoureux (VF à proscrire), situations absurdes, exagérations poussées à l’extrême ou autres imitations. Si le rythme est très soutenu, le film atteint par moments des sommets absolus de drôlerie, lors de longues scènes cherchant à aller toujours plus loin, à repousser les limites d’un gag pour trouver à chaque fois quelque chose d’encore plus fou (on retiendra notamment une compétition verbale de compliments à la mariée, une séance d’essayage de robes en pleine intoxication alimentaire, une crise de panique en avion…). Une richesse qu’on doit notamment aux longues séances d’improvisation et au talent des acteurs pour cet art.

Kristen Wiig est étincelante. Il n’y a qu’à voir sa version du kamasutra dans la première scène ou peu après son imitation toute en sobriété et justesse d’un pénis levé pour s’avouer conquis (cette scène était d’ailleurs de la pure improvisation). Elle possède un grain de folie ravageur qui la fait basculer à tout moment, avec un naturel déconcertant. Si Maya Rudolph n’a pas le plus beau rôle (elle est celle pour qui les autres se battent et constitue donc le personnage le moins amusant), Rose Byrne incarne une bitch splendide, surtout lorsqu’elle nous laisse entrevoir sa part cachée de loose. On retrouve également quelques seconds rôles savoureux tout droits sortis de The Office ou 30 Rock.

La réalisation de Paul Feig est plutôt sobre, mis à part quelques ralentis amusants par leur sens du détail (notamment lors d’une violente partie de tennis). Il faut noter également quelques transitions pas très réussies, composées de plans de la ville ou de fabrication de gâteaux en musique : c’est tout à fait inutile si ça ne n’est de permettre au spectateur de souffler un peu. Les quelques passages « sérieux » (où l’héroïne est en proie au doute) ne sont pas très captivants mais restent heureusement peu nombreux. Ils donnent toutefois un petit coup de mou à la dernière partie, notamment la fin très convenue où bien sûr tout finit par s’arranger. Après les sommets atteints lors des quelques scènes citées précédemment, on regrette que le film ne se termine pas en apothéose totale. Ce petit côté moralisateur est quelque chose de récurrent chez Apatow, c’est pourquoi mes films préférés parmi ses productions sont ceux scénarisés par Seth Rogen et Evan Goldberg (Superbad, Pineapple Express et Green Hornet), dont les finals en forme de bromances démesurées maintiennent l’absurde jusqu’au bout. Mais après avoir autant ri, on a ici envie de tout pardonner.

Le « ghost shot » :

Pour moi le climax zygomatique a été atteint lors de cette scène où les personnages de Kristen Wiig et Rose Byrne essayent désespérément de commettre une infraction au code de la route pour éveiller l’attention d’un policier. Les tentatives se répètent, on se demande à chaque fois ce qu’elles vont bien pouvoir inventer, et c’est bien la clé du film : toujours quelque chose de différent.